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Trop tôt vaut mieux que trop tard
Ce triptyque physiologico-dodo-alimentaire s’opère bien avant
le jour « j »
et un laps de temps de 7 jours est suffisant pour mettre en place
une stratégie d’avant course et réussir pleinement
l’objectif que vous vous êtes fixé. Une semaine constituait
alors le délai
requis par les précurseurs et initiateur du fameux RDS, le régime
qui devait révolutionner l’approche des sports d’endurance.
Historique
Si il y a un régime qui à beaucoup fait parler de lui c’est
bien le Régime Dissocié Scandinave. Scandinave parce qu’il à
véritablement été mis en application à la fin des années 60
par des chercheurs scandinaves et testé sur des skieurs de fond,
habitués aux efforts prolongés.
Mais rendons à César ce qu’il lui appartient, c’est
(cocorico) un biologiste français du nom d’Auguste Chauveau,
qui au XlX ième siècle fût
le premier à mesurer l’impact des réserves de glucides
(sucre) au sein des muscles pour les retranscrire en énergie
motrice lors de l’effort .
Ses réserves appelées aussi réserves glycogénique, du mot
glycogène formé par des molécules de glucose, se forme grâce
à une alimentation riche en glucides et siègent à 2 endroits du
corps :
- Les tissus musculaires (glycogène musculaire)
- Le foie (glycogène hépatique)
Ces
2 réceptacles énergétiques redistribuent leur précieux
chargement aux compte gouttes pour maintenir une glycémie
sanguine (taux de sucre dans le sang) à un niveau satisfaisant
afin de permettre aux cellules énergétiques (mitochondries) mais
aussi au cerveau d’effectuer leur fonction dans l’organisme
dans les meilleurs dispositions possible.
Fort de cette découverte, une multitude de scientifiques
scandinaves (Christensen et Hansen) accentuèrent les recherches
et remarquèrent qu’un apport supplémentaire en sucres lent au
cours des 3 derniers jours avant la compétition permettait un
surplus d’énergie et multipliaient par 2 les tests
d’endurance de leur cobaye.
C’est avec une autre méthode d’observation, la « biopsie »
(prélèvement de cellules microscopique de muscles) que Bergström
en 1962 eu l’idée
d’observer la réaction d’un muscle sollicité par un effort
épuisant sur un athlète et auquel on administrait les 3 jours
suivant, en état de repos, une ration hyperglucidique. Le taux de
glycogène augmentait alors de façon magistral.
Le protocole final retenu pour une surcompensation optimal
se modifia encore pour donner un résultat intéressant et qui
s'applique aux 6 jours précédant une compétition. Voici le
protocole :
Les phases cachées du RDS
On distingue deux périodes d'application durant ses 6 jours, la
phase « hypo » et « hyper »:
1/ du 6è jour au 4è jour avant la compétition.
Pendant
ces trois jours, l'alimentation est hypoglucidique (10 à 20% de
glucides), hyperprotidique (30 à 35%)
et hyperlipidique (50 à 55%) La ration hydrique doit être
importante : 2 litres d'eau entre les repas. On associe un entraînement
intense à 80% de la VO² Max pendant plus d'une heure le premier
jour. Cela a pour but d'épuiser les réserves glycogéniques
musculaires
C’est la phase hypoglucidique ! !
2/
du 3è jour à la veille de la compétition.
Les
3 derniers jours sont consacrés à la recharge glycogénique grâce
à une alimentation presque exclusivement glucidique (70 à 80%)
(12 à 15% de protéines, 8 à 15% de lipides). On continue
à boire autant, c'est à dire 2 litres d'eau entre les repas. Par
contre, il faut s'entraîner beaucoup moins pour optimiser la
saturation des réserves glycogéniques
C’est
la phase hyperglucidique ! !
La preuve par 7 !
Grâce à une alimentation riche en hydrates de
carbone, les sportifs scandinaves remportèrent au cours des années
50 et 60 un certain nombre de victoires dans les épreuves de
longue durée, en ski de fond notamment. C'est surtout l'écrasante
victoire de Ron Hill au marathon d'Athènes des Championnats
d'Europe 1969 qui devait mieux faire connaître la préparation
alimentaire révolutionnaire à l'époque : le régime dissocié
scandinave. Les travaux scandinaves ont montré que le taux de
glycogène musculaire était dépendant du niveau des apports
glucidiques. Chez un sujet recevant habituellement 50% de
glucides, l'augmentation de cet apport à 70% pendant 3 jours
double la concentration en glycogène musculaire. De ce fait, le
temps de travail à 75% de la VO² Max passe de 114 minutes à 167
minutes !
Le RDS au régime !
Pratiqué depuis plus de 30 ans sous sa forme
classique (7 jours consécutif) le RDS long à aujourd’hui muté
sous une formule plus courte et mieux apprécier par les sportifs
eux même. De nouvelles versions moins exigeantes mentalement et
moi perturbante sur le plan digestif on vu le jour dont cette
version dite à la « française ».
La french attitude
Le régime scandinave classique est généralement mal accepté
par les athlètes. De ce fait, les sportifs français ont opté
pour un régime hyper glucidique unique les 3 jours précédant l'épreuve
et sans intensité préalable.
De plus, les travaux d’un chercheur renommé du nom de Costill
ont démontré que seulement 3 jours étaient nécessaires pour
obtenir une surcompensation glycogénique efficace, avec un régime
comprenant 70% de sucres lent et ceci sans phase hypo glucidique préalable.
Le bon sens ainsi que ces résultats scientifiques prouvé,
recommandent donc d'utiliser plus souvent ce procédé
nutritionnel qui est d'ailleurs bien toléré par tous.
A noter que les sportifs bien entraîné n’ont pas besoins,
comme c’était le cas sur le RDS long, d’exercer une séance
intensive initiale pour décupler la mise en réserves des stocks
de glycogène. Une ration « hyper » couplé à un
entraînement léger les 3 jours précédent l’épreuve permet
une recharge glucidique efficace.
La période cruciale débuterait donc le mercredi
soir et s’étendrait jusqu’au vendredi midi, pour une course
le dimanche.
Cette démarche fait aujourd’hui l’unanimité
tout aussi bien dans les activité de moyenne endurance que
dans les sports intense et/ou à répétition lorsque la débauche
d’énergie est très importante (sports collectif, 10km,
biathlon, cross etc.)
RDS en
pratique
Pour ceux que le RDS ne rebute pas voici une liste
d’aliments triés. Il est rappelé que le R.D.S. ne peut être
adopté plus de 2 fois par an pour
garder son efficacité et ne s'utilise que pour les compétitions
comprises entre 30 et 50 km minimum.
Aliments à prendre pendant la 1ère période riches en lipides et
protéines et pauvre en glucides mais à
limiter pendant la 2ème car gras et peu digeste.
-
Viandes (porc, agneau, bœuf, gibier, veau, abats).
- Charcuteries et pâtés
- Poissons
- Crustacés
- Oeufs
- Beurre , margarine
- Huiles végétales
- Fromages et yaourts non sucrés
Aliments
permis pendant la 1ère période (en petites quantités):
- Asperges
- Céleri
- Champignons
- Haricots verts
- Laitue
- Epinards
- Aubergines
- Radis
- Chou (sauf chou de bruxelles)
-Tomates
- Endive
Aliments
à prendre en grande quantité durant la 2ème période car riches
en glucides, pauvres en lipides et protides
1er premier repas « hyper » aliments à index glycémique
élevé
-
Confiture ou miel
- Pain
- Boissons sucrées
- Sucre sous toutes ses formes
(saccharose, glucose) , mais pas fructose qui est un sucre lent.
Les
repas suivants, glucides lents: 10g/kg/jour et normo-protidique
- Pâtes
- Riz
- Pain
- Autres céréales (seigle, avoine, maïs)
- Pommes de terre
- Fruits frais et fruits secs (à
exclure 48h avant jour « j »)
- boisson énergétique aux polymères
de glucose (50g dans 500ml par jour)
- 150g/j de volaille sans peau ou
jambon 2 tranches
- Thon 120g/j
- Laitages allégés
Aliments à éviter pendant les 2 périodes pour
détoxiquer l’organisme
- Pois sec, pois chiches, lentilles et haricots blancs
- Avocats
- Lait (contient du lactose)
- Plats en sauce
- Chocolat
- Gâteaux
- Pâtes feuilletées
- Vol au vent
- Crème glacées
- Noix et amandes
- Cacahuètes
- Brocolis
- Lasagne
- Pizza
- Flan
Exemple
de ration en phase « hypo »
Petit
déjeuner
|
- 2
yaourts : ou fromage blanc 300g
- café
ou thé sans sucre.
- St
paulin 50g ou
jambon 2 tranches
- Pain
: 1 tartine de 20 g
- Une
pomme
|
Déjeuner
|
- Un
œuf à la coque
- 150
g de côte de porc ou de blanc de volaille
- 200
à 300 g de haricots verts au beurre ou endives au
jambon
- gruyère
: ( valeur de 1/4 de camembert)
- Une
tartine de pain
|
Collation
|
1
Yaourt saupoudré d’amande effilée
ou 1 poignée de noisettes
|
Dîner
|
- Poisson
frais ou thon 150 grammes
- Légumes
vapeurs
- Fromage
blanc sans sucre
- Poire
: 1
- Une
tartine de pain
|
La recettes des pros
Ce régime, qui précisons-le, n’en est pas 1 (on
à même tendance à prendre un peu de poids après coups), à
longtemps été pratiqué par les sportifs d’endurance pour améliorer
leur « finish » sur des épreuves de longue haleine.
La vague d’euphorie pour cette pratique alimentaire dans les années
70 à laissé place aujourd’hui à un certain scepticisme quant
à la nécessité de priver le corps en sucre sur une si longue période
couplé à des exercices physique d’intensité importante. Mais
demandons à deux spécialistes de sport d’endurance ce qu’il
en pense.
Running attitude à recueillit les impressions et
recette personnelle de Jérôme Trottet,
l’un des meilleur spécialiste français de trail (course
en montagne) et du skieur de fond Stéphane Passeron,
leader incontesté des courses longue distance en France
Palmarès de Jérôme Trottet :
Vainqueur du challenge français des courses de trail en 1998 ; 2ème
en 1997.
Vainqueur
des Templiers (65km) en
1998 et 2002 ; 2ème en 1997 et en 2003.
Vainqueur de la Fila Aubrac
2000 en 2001
2ème de la 6000
D (la plagne) en 1996, 3ème en 1998, 5ème
en 2000 et recordman français en 4h29’
Running
attitude : RDS ou pas RDS ?
Jérôme
Trottet : Je sais que le RDS long est remis en question par
de nombreux témoignages de sportifs ou de professionnel de la nutrition, mais moi je le pratique
encore dans sa version intégrale à raison de 4 fois par saison
de trail.
Je
ne trouve pas que cela soit contraignant comme le sous entends de
nombreux sportif, je n’ai pas de soucis avec ça. Le plus
dur c’est de se passer de pain lors de la phase hypo, mais pour
le reste j’adore les légumes !
Running
attitude : C’est vrai ce que l’on dit
sur le RDS qu’il
permet de finir les courses sans fatigue voire d’accélérer
quand les autres agonisent, d’avoir l’impression de voler dans
les derniers kilomètres ?
Jérôme
Trottet : Pour être franc je n’ai rien remarqué de tout
ça, je n’ais même pas trouvé de différence avec des fins de
course ou je n’avais pas fait ce type de régime. Mais tout ce
que je peux dire c’est que chez moi le RDS me permet de me
conditionner pour le jour J.
C’est
une façon pour moi de créer, voir de m’obliger à déclencher
le déclic pour me concentrer sur la course à venir.
Le
fait de passer par une phase de privation développe chez moi
l’envie de se surpasser comme pour se « mettre déjà dans
la course ».
Je
sais que c’est un peu maso comme raisonnement, mais c’est
comme cela que je fonctionne en tout cas.
Pour
moi le RDS c’est le facteur déclenchant en vue d’une
performance à venir comme pour d’autre cela peut être la préparation
mentale, le yoga ou autre pratique dérivatif.
Cela
me donne aussi bonne conscience, celle d’avoir fais se qu’il
fallait pour faire une bonne course.
Running
attitude : Comment procèdes-tu ?
Jérôme
Trottet : Je commence le dimanche matin
avec une séance longue d’1 ½ + des accélérations
(15x) intenses sur de courtes distances. Type 20s
Le
lundi :
footing court d’1/2 heure.
Idem
pour mardi
Tous
les repas de la phase hypoglucidique sont principalement constitués
de protéines animale
(volaille, œuf, laitage, jambon) de légumes verts et de crudités
(endives, choux fleur, salade)… sauf les carottes !
Mercredi :
40 mn de footing et l’après midi 30 x 15s/15s et je finis la séance
en état « d’hypo ». Dans la foulée je bois une
boisson de récupération riche en sucre rapide, car j’ai lu
qu’il fallait respecter un timing précis pour reconstituer de
la meilleur façon les stocks de glycogène et de ce fait
accentuer le phénomène de surcompensation glycogénique qui
s’opère dans les fibres musculaire et les cellules hépatiques,
qui sont les 2 principales réserves de sucre dans le corps.
La
phase hyperglucidique prends le relais le
mercredi a.m et ce jusqu’au samedi soir.
Elle
se caractérise chaque jour par une collation comprenant un gâteau
de semoule ou de riz fait maison.
Palmarès de
Stéphane
Passeron
Quintuple
vainqueur de la foulée blanche de 1998 à 2004
Champion
de France du 50 km
Vainqueur
de la transjurassienne 1998
Vainqueur
du grand prix de france des longues distances 2002
Running
attitude : Tu
est un adepte du RDS ?
Stéphane
Passeron :
Oui mais ma
façon de l’oraganiser à pas mal évoluée. Pendant longtemps
je l’ai fait sous sa forme classique et originelle, sur 7 jours.
Méthode qui était prôner pour préparer au mieux les deux
objectifs que je m’était fixé à l’époque : la
transjurassienne (76km) et la vasaloppet (90km) deux courses
mythique de ski de fond longues distance. C’est vrai que je
ressentais un apport d’énergie supplémentaire en fin de course
et comme on dit dans le jargon
nordique « j’avais de la cuisse » mais maintenant je
préfère les versions allégées qui me pompe moins d’énergie
psychique la semaine qui précède et qui m’assure aussi plus de
fraîcheur physique et de répondant sur des débuts de course qui
peuvent être rendus très rapide notamment par la qualité de la
neige (dure et lustrée). Ce sont 2 aspects importants qui était
plus difficile à gérer avec la formule longue classique.
Le
RDS long je ne le ferais plus jamais, je reste persuadé
que le corps n’aime pas toutes les brutalités que le RDS long
lui imposait, quelques part il doit se venger sur le poids
notamment
!
Running
attitude : Le RDS fut mis au point par des scientifiques
scandinaves pour des skieurs de fond, il y a une raison à cela ?
Stéphane
Passeron : Il y a quelques années je veux bien croire que le
RDS long était incontournable pour tenir la distance, mais
aujourd’hui, le matériel à évolué le carbon remplace le
bois, la technique skating (patinage) est plus rapide, on ski à
25km/h en moyenne ( 2h 56 pour les 76 km de la transjurassienne
2004) et les produits énergétiques sont tellement pointus
qu’il est moins fréquent de subir une hypoglycémie, alors un RDS long pour 3 à 4h max de ski ce n’est plus
justifié à mon avis.
Running
attitude : Tu nous donnes ta recette?
Stéphane
Passeron : Pour une course dominicale je mange léger le
lundi et mardi mais avec un peu de féculents type pain, le mardi
soir c’est œuf à
la coque nature et soupe de légumes vert et le mercredi matin je
fais une séance de ski à jeûn de 2h15 à 70% env. et dés le
midi je débute la phase « hyper » avec repas de féculent
3x/j + collation composée de gâteau de semoule et ce jusqu’au
samedi 16h. Le repas de la veille au soir est normal mais sans
fibres ni légumes et viandes rouge et le lendemain matin c’est
pain miel et/ou gâteau énergétique comme le gatosport de la
marque Overstim .
Running
attitude : C’est efficace ?
Stéphane
Passeron : A vrai dire je n’ai jamais connus de crise
d’hypoglycémie en course mais cela vient peut être de ce régime.
En tout cas l’avantage de cette version c’est qu’elle peut
être reproduite plus souvent que le RDS long sans perturber le
poids et sans rendre diesel les muscles ! Si vous devez faire
un RDS long je vous conseille toutefois de ne pas le reproduire
plus de 3 fois dans la saison
Running
attitude : Un conseil ?
Stéphane
Passeron : Je crois qu’en dehors des efforts comme le trail
, les ironman ou les disciplines d’extrême endurance pour
lesquels le RDS long peut s’avérer utile, cependant les
variations de poids qu’il engendre ne laisse pas indemne
l’organisme qui se venge un jour ou l’autre. Si j’ai un
conseil à donner pour les sportifs de toute discipline qui
exigent des intensités max. et répétées c’est d’opter pour
le petit RDS sur 1j à 1 jour ½ ex. phase « hypo » du
mercredi matin après intensité jusqu’au jeudi midi pour une
course le dimanche En plus avec cette méthode raccourcis on à
moins de saut d’humeur, pensez à vos compagnes messieurs !
Conclusion :
Le
RDS long accuse un déficit d’intérêt ces dernières années
au profit de versions allégées, alors ne vous privez pas de vous
mettre au régime « petite formule » pour
la perf.
Attention
votre dernier repas doit être extrêmement digeste et terminé
entre 3 et 5 heures avant le début de l'effort en fonction de
votre sensibilité. Le respect de ces mesures permet de prévenir
tout problème digestif et d'assurer une bonne oxygénation du
muscle au cours de l'effort
|
Références
Bibliographiques :
-
Chanu
H., Lamarre C. :
Alimentation en vue d'un marathon : "tout se joue
avant". Le Quot. du Méd., 1993, 5186,24-25
-
Guézennec CY. Le régime
alimentaire avant et pendant une compétition d'endurance. Rev
Prat., 1990, 95, 19-24
-
Denis
Riché (1998) « Guide
nutritionnel des sports d’endurance » -
2ième édition Edition Vigot
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