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Les régimes sans... : info ou intox ?

Publié le 07/09/2015


Pourquoi la folie des régimes «sans» ?

Le Centre de recherche et d’information nutritionnelles (CERIN) a lancé la première émission on-line dédiée à la nutrition. A la veille des vacances, l’édition 2015 de l’émission était consacrée aux régimes non justifiés d’exclusion du lait et du gluten.Trois experts décortiquent le phénomène, font le point sur la réalité scientifique et font leurs recommandations aux professionnels de santé pour répondre à leur patients et aux fausses croyances anxiogènes qui circulent.

Retour sur quelques grands moments... et paroles d’experts.


« Et toi, qu’as-tu supprimé ? » C’est une maladie des sociétés d’abondance, remarque le Dr Jean-Michel Lecerf, chef du service de nutrition de l’Institut Pasteur de Lille. Le sucre, le sel, la viande, les corps gras ? La mode est à l’exclusion alimentaire. Les linéaires des supermarchés regorgent de produits allégés ou « sans ». Très tendance : le sans gluten et le sans lactose. De quoi faire croire au consommateur que les produits qui en contiennent sont mauvais pour la santé ! Le voilà fortement incité à les acheter, et à bon prix… Sans la moindre nécessité nutritionnelle ou médicale.

Ce que sont les vraies intolérances et allergies

L’intolérance au gluten ne concerne en effet que 1 personne sur 100 ou 200. Les sujets atteints de cette maladie sévère – la maladie coeliaque – ne peuvent supporter plus de 50 mg de gluten par jour. Souvent mise en avant aujourd’hui, l’hypersensibilité au gluten est une notion beaucoup plus floue et pas vraiment reconnue, précise le Dr Lecerf. Beaucoup de symptômes sont attribués au gluten, alors qu’ils peuvent être liés à d’autres composants de l’aliment incriminé. Avec la baisse de la consommation de pain, on mange d’ailleurs de moins en moins de gluten. Il n’empêche, les produits et régimes sans gluten prolifèrent. Conséquences : on se complique la vie pour rien et on déséquilibre son alimentation.

Même constat pour le sans lactose. Il n’y a que 40 cas dans le monde de personnes dépourvues complètement de lactase, l’enzyme qui permet de digérer le sucre du lait. Elle diminue de manière variable chez les adultes, selon les populations, mais n’empêche pas de tolérer le lait. Même les 6 à 10% d’adultes réellement intolérants – c’est-à-dire qui ont des symptômes dus au lactose -, ont la faculté de consommer jusqu'à 12g de lactose par jour. Soit l’équivalent d’un bol de lait ! Sans compter qu’ils peuvent aussi manger des produits laitiers pauvres en lactose, comme le yaourt ou les fromages... Au total, 90 à 95% de la population peut tranquillement boire du lait.

De même encore, l’allergie aux protéines du lait (souvent confondue avec l’intolérance au lactose) concerne seulement 1 à 3% des enfants. Elle se déclare souvent avant l’âge de 3 mois et, dans 9 cas sur 10, elle a disparu avant l’âge de 8 ans. Les cas d’exclusion justifiée du lait sont, là aussi, limités et temporaires.
Eliminer les produits laitiers conduit à se priver d’une foule de nutriments, rappelle le Dr Lecerf. Calcium, phosphore, vitamines B2, B12, A, protéines, acides gras, zinc, sélénium… ne sont pas tous apportés aussi facilement par le reste de l’alimentation. La consommation de produits laitiers est un facteur d’équilibre alimentaire. Elle améliore par ailleurs la santé osseuse et musculaire, diminue le risque de fractures, de diabète, d’hypertension, de cancer du côlon, et même de mortalité cardiovasculaire.

Les méfaits d’une information dérégulée

Reste à savoir pourquoi tant de gens prennent des précautions inutiles et se rangent dans le camp des « sans ». Pour Olivier Bernard, créateur du Pharmachien, un blog engagé contre la pseudo-science, « l’aspect positif, peut-être le seul, c’est qu’ils se préoccupent de leur
alimentation, de leur santé, et souhaitent se prendre en charge ». Mais de manière erronée et un brin fantasmatique. Certains bénéficient sans doute de l’effet placebo observé avec les médicaments : ils ont la sensation que le « sans » leur fait du bien, note le sociologue Gérald Bronner. Ou encore ils ressentent l’effet « nocebo » : avec le gluten ou le lactose, ils ont trouvé un coupable, et ça aussi leur fait du bien. Notamment pour des maladies que la médecine ne guérit pas ou qui demandent de la patience. Pour lesquelles le discours médical paraît lointain, inefficace… Le fait de se nourrir, par ailleurs, a toujours été anxiogène pour l’espèce humaine. Jusqu'à présent pourtant, l’inquiétude portait sur les aliments nouveaux ou sur les supposés méfaits de l’industrialisation. Aujourd'hui, elle porte sur des aliments traditionnels, millénaires et plus, comme le lait et le pain.

Que s’est-il passé ? Internet et les réseaux sociaux ont créé une prodigieuse « dérégulation du marché de l’information », analyse Gérald Bronner. En lieu et place du discours des experts – jadis le seul sollicité et entendu -, les opinions les plus contradictoires et les moins fondées sur le plan scientifique se répandent instantanément urbi et orbi. Jadis réservées à des groupes radicaux, voire des mouvements sectaires, elles sont aujourd’hui diffusées massivement. « On comptait 9% de personnes qui se méfiaient des vaccins au début des années 2000, elles sont aujourd’hui 20 à 40%», observe Gérald Bronner. Les croyances infondées inondent la Toile. Et rien n’est plus difficile que de faire entendre un discours rationnel à un croyant ! Pourtant, il faudrait bien que les scientifiques prennent plus de place sur les réseaux sociaux. C’est ce qu’a compris, au Québec, le pharmacien Olivier Bernard. Avec son blog illustré et plein d’humour, il part des opinions communes et des préoccupations des gens, entendues quotidiennement à l'officine, pour traquer les idées reçues et pulvériser gentiment les mythes. En mots et en images. Avec le sourire et sans cours magistral. Résultat : 350.000 visites par mois, 100.000 suiveurs et 25.000 exemplaires vendus du livre qu’il a publié…

De l’avis unanime des participants à l’émission, tout un travail militant reste à faire pour contrer les rumeurs erronées et anxiogènes. Pour qu’un maximum de gens ne se gâche plus la vie et conserve le plaisir de manger. Sauf en cas d’allergie ou d'intolérance avérée et dûment diagnostiquée, résume le Dr Lecerf, aucune étude scientifique ne montre l’intérêt de supprimer le gluten, le lactose, et tant d’autres !


Source : CERIN (Nutrinews - Septembre2015)

« Parlons nutrition – Les régimes sans… : info ou intox ? ».
Emission en ligne le 30 juin 2015. En replay  ci dessous


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